Amma Il est urgent d’aimer

Amma – Il est urgent d’aimer

Date de parution : 09/10/2024

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Dans ce livre, Pierre Lunel révèle les secrets de vie d’un grand maître indien. Leader spirituel, humanitaire et visionnaire, Amma nous apporte les réponses aux questions que nous nous posons tous.

Son enseignement est concret, simple, au plus près des préoccupations des gens ; il s’appuie sur des petites histoires vécues qui sont comme des paraboles, des fioretti à la fois puissants et remplis de poésie et d’humour. Partageant les mêmes valeurs que le Christ, Bouddha ou le Dalaï-lama (l’amour, le respect, la fraternité et la non-violence) celle qui accueille depuis cinq décennies la misère quelle qu’elle soit et où qu’elle soit, incarne une réponse, un espoir dans ce monde désenchanté.

Elle connaît intimement les tourments de nos civilisations, guerres de religion, destruction de la nature, disparition de nos valeurs, violences faites aux femmes et aux enfants, et nous invite à nous changer nous-mêmes en profondeur, à lutter contre notre ego, « le bonheur se décide », dit-elle…

Prologue

Si rencontrer un grand maître vivant est une chance, je dois avoir un bon « karma », comme on dit en Inde. Depuis quarante ans que je chemine en quête de réponses à certaines questions – qu’est-ce que je fais sur Terre? À quoi sert ma vie ? – j’en aurai rencontré beaucoup. Ils ont aiguillé mon chemin par leur présence, leurs paroles, leurs intuitions, leur vision. Ils l’ont transformé, éclairé. Je suis parti de loin, de très loin, trébuchant et irrésolu, et ils ont fait de moi un désillusionné enthousiaste. Ils ont réussi là où tous avaient échoué, à m’ôter l’illusion tout en bâtissant mon enthousiasme. L’illusion, celle du progrès, du bonheur matériel, de la propriété, de la séduction, est inutile. Mais l’enthousiasme demeure et sort renforcé de la « dés-illusion ». Qu’ont-ils fait ? Quelle alchimie ont-ils opérée ? Ils m’ont contraint à regarder mon ego en face et droit dans les yeux et à ne pas être victime de ses pièges.

J’ai rencontré Amma au bout d’une route semée de roses et de roses. Comme pour la plupart d’entre nous… Je fus longtemps un mauvais élève. Sœur Emmanuelle que j’ai suivie dix-sept ans me confiait, sans doute en guise d’encouragement devant mes progrès médiocres : « Tu sais, nous sommes tous des pauvres types ! » Le fait qu’elle se mette dans le lot me rassurait. L’abbé Pierre que j’ai accompagné vingt ans me regardait avec une certaine compassion. À ma mesure… Différente évidemment de celle qu’il prodiguait aux plus petits d’entre nous. Celle sans doute de Jésus sur la Croix, pour le fameux « bon larron », un voyou probablement qui avait fait pis que pendre mais qui avait bon fond. Il est aisé de rencontrer les plus grands maîtres, encore faut-il savoir ce que l’on en fait. Ils ne veulent pas être admirés. Ils ne désirent pas de dévots aveugles mais des témoins lucides. Lucides et agissants. Chacun à sa mesure et à sa manière. Les aimer, cela veut dire agir. Agir au-dehors et agir au-dedans. Écouter les grandes âmes et les voir agir ne fera jamais de vous ce qu’ils sont, mais au moins cela vous montrera le chemin, avec un petit coup de main : celui de la grâce. Je n’ai comme qualité que la persévérance. Je suis têtu comme une mule ! Un bélier solaire ascendant gémeaux. Quand quelque chose me plaît, je ne me limite pas et j’en redemande. J’ai longtemps pensé que si je me sentais heureux en compagnie des géants, c’est parce que je suis petit ! Je me trompais en réalité sur le sens de ce mot. Ils m’en ont restitué le sens en me faisant rencontrer mon âme d’enfant. Celle que je croyais avoir perdue et qui n’était que remisée au grenier pour laisser toute sa place à l’illusion.

Depuis quarante ans, je ne peux plus vivre sans eux. Ils sont comme des anges gardiens ! J’ai accompagné séparément et parfois conjointement l’abbé Pierre, sœur Emmanuelle, Jorge Maria Bergoglio, le père Pedro et Joseph Wresinsky… et quelques autres ! Chacun d’entre eux fut fondamental et même fondateur. Chacun fut une boussole. À chaque fois, la lumière est vive et la boussole indique le même chemin. Avec elle, je peux aller les yeux fermés et l’âme entr’ouverte. À force d’en goûter la joie, je ne peux plus m’en passer ! J’entre dans un ailleurs où je n’ai plus peur. Je me nourris de leur joie au goût de vérité. Mes illusions ont fondu, mon enthousiasme demeure. Mata Amritanandamayi Devi, c’est-à-dire Amma, je l’ai rencontrée une première fois il y a trente ans. Ce n’était pas encore l’heure de rester auprès d’elle. Je courais le monde et le temps n’était pas mûr. Je l’ai revue en 2016 et depuis, je ne la quitte plus. Pourtant je suis chrétien, et fier de l’être, et j’aime Jésus. Plus que jamais. Non seulement elle ne m’a pas dit de le quitter, mais elle m’encourage à l’aimer encore davantage et me rappelle que j’en suis encore loin. Je pensais avoir été exhaustif ou presque en écrivant AMMA. Celle qu’on attendait il y a cinq ans… Erreur. À peine l’avais-je terminé que les images, les messages, les idées, les chuchotements, les histoires, les vies continuaient d’affluer comme les vagues sur le rivage. Inlassablement. Le besoin d’aller plus loin. Plus profond surtout… J’entrepris avec elle un nouveau chemin. Lentement.

Je voulais tout goûter de son enseignement. Il me plaît, cet enseignement. Il me parle comme si Jésus me parlait… Imagé, simple, fait pour tout le monde, souriant et plein d’humour, tissé d’anecdotes vécues, de paraboles. Je repris la plume pour y mettre des mots. Traduire ce que tout humain, quel qu’il soit, pauvre ou riche, homme ou femme, jeune ou vieux, ressent en écoutant un message qui ressemble à celui-ci : « N’aie pas
peur ! Tout semble aller de travers… Il y a des guerres, des tragédies, partout de la violence et du mépris, mais il y a plus fort que tout cela. Tu n’es pas seulement un corps et un esprit. Tu es aussi une âme. Une vie consiste à la retrouver, cette âme, dans le doute, la chute, la désillusion, et dans la compassion.

Quand tu l’auras en partie retrouvée, timide encore et irrésolue, n’oublie pas de le dire et de le raconter aux autres qui t’entourent ! C’est une bonne nouvelle. Recoudre ton corps et ton esprit avec ton âme demande certes un peu de temps, de la patience, du courage, de l’acceptation et un je-ne-sais-quoi de grâce. Cela en vaut la peine ! » Ce qu’Amma dit, c’est que nos défis et ceux de la Terre ne sauront être relevés sans une transformation intérieure. Rien n’ira mieux sans celle-ci, qu’il s’agisse de s’opposer à la violence, à la guerre, au mépris de la nature, aux génocides et à la misère. J’aurai beau crier, me battre, hurler, m’opposer, soutenir, aider, sauver… Si je n’ai pa mon âme avec moi, c’est fichu ! Faire ce bout de chemin, cette initiation, seul ou accompagné, ce n’est pas la même chose. Les grands maîtres sont là. Ils nous accompagnent. Là où ils en sont, ils détiennent des secrets qu’il nous appartient de découvrir. Et si possible de vivre.

Je ne suis ni philosophe, ni théologien, ni politique, ni sociologue, ni scientifique. Je ne suis qu’un brave homme de témoin, un imparfait, un pêcheur, un hésitant, un irrésolu, un errant, un pèlerin, ni plus ni moins. Je raconte ce que je vis avec mes hésitations et mes erreurs, un pas en avant et deux en arrière, sans oublier les chutes et les pas de côté. Tragiques ou comiques. Rien n’est plus important que de garder l’humour sur soi. Mes rencontres avec eux ont toujours débuté par un sourire et un geste d’humour : un ascenseur en panne pour l’abbé Pierre, un plat de pâtes indigeste pour sœur Emmanuelle, des petits fromages à distribuer aux pauvres pour le père Pedro, une pomme qui ne flétrit pas pour Amma. Des clins d’œil du Bon Dieu sans doute. Celui qui aime les facéties des enfants !

Que m’ont-ils appris ? Que les mots ne servent à rien s’ils ne sont pas vécus. Pas simplement ressentis mais vécus. Alors seulement la peur disparaît et la vue se fait claire. Depuis quarante ans, je m’imprègne de la fraternité de l’abbé Pierre, la pauvreté de sœur Emmanuelle, la générosité de Pedro, la compassion de mère Teresa, la résistance du père Joseph et l’amour d’Amma… Amma, je l’ai découverte en dernier, comme par hasard, au gré du chemin. Rien ne me conduisait vers elle. Puis la curiosité s’est faite émotion, celle-ci devint
prière, enfin ce fut une révélation. Sur les pas de saint Thomas, de Danielou, de Le Saulx, de Ceyrac et de mère Teresa, je viens, timide, ressourcer mon Jésus de Bethléem sur les rives de l’Inde auprès d’une mère en sari blanc qui parle comme lui.

Je l’observe comme une synthèse, un pont entre l’Orient et l’Occident, entre la spiritualité de l’Inde et la nôtre : il s’agit de la même. Je viens en Inde comme Amma est venue à Assise. Pour y sourire et y pleurer. Ce qu’elle nous dit est si simple : IL EST URGENT D’AIMER !

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